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Algérie -05 Octobre 1988

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Ouled El Hamra
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Message par Ouled El Hamra Mar 2 Oct - 21:10

Dix neuf fois octobre. El Harrach, Bachdjerrah et Bab El Oued, trident de la colère, ont peu changé. Quartiers populaires largués de part et d’autre d’Alger, qui ont tout vu traverser : inondations, relogements, affrontements de nuit, pénuries, émeutes, Honda qu’on brûle, COMIRO (commandement militaire pour le rétablissement de l’ordre du général Nezzar), morts, rafales, rafles.

5 octobre 1988, dix-neuf ans après, qu’en reste-t-il ? Le président Abdelaziz Bouteflika répétait, lors de la récente campagne référendaire, que « le peuple a été sorti », poussé dans des émeutes. Octobre 1988 ne ressemblait pas, à ses yeux, à une « révolution démocratique ». M’hammed Boukhobza, sociologue assassiné en juin 1993 et auteur de Octobre 88, évolution ou rupture ?, soulignait dans son étude que « Octobre a été un moment d’extériorisation ou plus exactement un moment de contestation sociale d’une situation de crise générale latente ». « D’accord, selon Bouteflika le peuple a été poussé, manipulé. Mais celui qui les a poussé, il n’a rien subi. Rien. Alors que nous : 400 morts, un millier de blessés, des torturés, des mutilés », s’emporte Hammou L’hadj Azouaou, 38 ans, amputé de son bras gauche jusqu’à l’épaule et président de l’Association des victimes d’octobre 1988 (AVO88). Le 10 octobre 1988, Azouaou se rend à Bab El Oued chercher du pain pour sa gargote de la rue Hassiba Ben Bouali. Les troubles paralysent la capitale. Mais le 10, c’est la marche à laquelle aurait appelé un anonyme, Ali Benhadj. 14h30, un tir. Personne ne saura d’où est venu cette balle. Comme dans quatre ans plus tard, les fameuses voitures banalisées qui tiraient sur la foule des manifestants du FIS. Bousculade. Les militaires sont là. Sid Ali Benmechiche, journaliste à l’APS, est tué par une balle perdue au niveau de la DGSN. A Oran, le même jour, le regretté Abdelkader Alloula est arrêté. Bousculade. Azouaou, à Bab El Oued, tente de secourir une jeune fille blessée. Trois soldats rappliquent, l’un deux tire une rafale de fusil mitrailleur. Neuf balles dans le corps. Bras sectionné par les projectiles. Orteils du pied éclatés. Blessures au visage, au coude. « Nos mutilations sont considérées comme ‘’accident de travail’’. Accident de travail pour des gamins qui n’avait pas 18 ans à l’époque, ou même pour des enfants en bas âge touchés par des balles perdues. Accident de travail ! » dit Azouaou. Et ces centaines de jeunes qui ont subi la torture ? « Eux, ils n’ont rien. Alors là... », répond le président d’AVO88. « Depuis 1989, on a interpellé les gouvernements successifs, l’APN, les groupes parlementaires, nous avons déposé des mémorandums, des demandes...Nous voulons un statut », dit Azouaou. « Il faudrait bien que l’histoire condamne Lakhal Ayat (chef des services spéciaux militaires), Larbi Belkhir (directeur de cabinet du président Chadli), Khaled Nezzar et Hadi Lekhdiri (ministre de l’Intérieur) à divulguer les détails de ce qui s’était passé, surtout en ce qui concerne la torture », ajoute Azouaou qui préfère commémorer cet événement dans le deuil, seul. « Mais je salue RAJ (Rassemblement Action Jeunesse) qui dépose chaque année une gerbe à la Place des martyrs », dit Azouaou. « La véritable réconciliation reste à faire entre le peuple et le pouvoir », termine Azouaou avant de souligner : « Sans octobre 1988, Bouteflika aurait-il pu revenir ? ».
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Message par Rastacool Mar 2 Oct - 21:13

y'a tellement de dates a retenir qu'on oublient souvent qu'elle sont les plus importantes .


Dernière édition par le Mar 2 Oct - 21:14, édité 1 fois
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Message par Ouled El Hamra Mar 2 Oct - 21:14

Espoir et désillusion



Les Algériens commémoreront le 18e anniversaire des violentes émeutes qui ont coûté au peuple plusieurs centaines de morts alors que le pays vit, depuis, une déstabilisation où la «main de l’intérieur» se la dispute à la «main de l’étranger».
Pourtant, l’événement bien qu’il reste enveloppé de mystères jusqu’à aujourd’hui, avait surgonflé les espoirs de nos populations. Durant les manifestations où la presse fournit son premier martyr, aucun manifestant n’avait revendiqué ni la démocratie, ni le multipartisme, ni une quelconque libéralisation économique.
Cependant, le peuple reçut en surdosage les choses qu’il n’avait pas réclamées. Et à l’époque il était sans doute plus facile de créer un parti politique ou de lancer un journal que d’ouvrir une pizzeria. Les Algériens avaient une nouvelle Constitution qui leur garantissait plus de libertés que les Américains pouvaient en rêver.
A l’époque, tous les dossiers partisans étaient agréés à l’exception de deux : celui d’une formation qui puisait son idéologie du «livre vert» de Kadhafi et celui prévoyant une relance du parti messaliste. On avait l’impression que les autorités, prises de remords après les dégâts des balles doum doum, entendaient se rattraper et compenser les horreurs par un maximum de libertés.
Chose capitale et qui trompait le mieux : la volonté du peuple exprimée à travers les urnes était respectée. Le peuple ne put cependant récupérer totalement sa souveraineté. Le président Chadli Bendjedid quittait la scène, quelques jours après avoir fait état de son intention d’organiser des élections présidentielles anticipées.
Chadli partit, son œuvre démocratique ne tarda pas à le suivre. Les libertés s’effacèrent pour faire place au sang, à la folie meurtrière, à la douleur et à l’horreur. Aujourd’hui, l’Algérie vit encore l’état d’urgence, le terrorisme n’est plus en mesure de menacer l’Etat mais s’il est faible, on ne peut prétendre qu’il a complètement disparu comme on ne peut ne pas admettre que le banditisme lui succède et s’avère aussi redoutable pour les populations.
Des populations fragilisées, exposées à tous les maux et qui ne savent plus à quel saint se vouer ? Le «chahut de gamins» a eu des conséquences dramatiques qu’on pouvait difficilement imaginer. Le Front de libération national, qui pouvait passer pour victime il y a dix-huit ans, a pu redresser la barre, redevenir majoritaire et dominer de nouveau le pays.
Le FLN, n’était-il pas poussé au musée après qu’il ne soit dévalisé de ses biens ? Les efforts pour s’en débarrasser ou le récupérer ont échoués et s’il n’est pas un ange, le FLN n’a jamais été un démon pour le peuple. Rares sont les cadres sortis de son moule qui ont adopté des positions opposées aux intérêts du peuple.
Octobre 88 a forcé le FLN à mettre un genou à terre, le pays imita. Aujourd’hui, le FLN, qui se dit rassembleur, se trouve être le parti le mieux placé pour tirer les leçons d’octobre 88. Ce qui, si cela était entrepris, ne pourra que se traduire bénéfiquement non seulement pour le peuple mais aussi pour les autres partis politiques, ses propres rivaux.
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Message par Ouled El Hamra Mar 2 Oct - 21:20

C'est Triste...


  • 04-10 Dans la soirée, première émeute dans le quartier de Bab El-Oued à Alger : pillage de magasins, incendies de voitures, affrontements.
  • 05-10 Journée des jeunes d'Alger qui saccagent toute la rue Didouche-Mourad : magasins, compagnies aériennes, commissariats, mairies, boîtes de nuits, voitures de fonctionnaires. La jeunesse des émeutiers (souvent dix, onze ans) et leur négativité destructrice effraient le plus les pouvoirs. L'armée n'intervient pas. L'émeute produit une grève de facto, beaucoup plus générale que celle voulue par le syndicat UGTA.
  • 06-10 A midi, l'état de siège est décrété. A Alger l'émeute reprend, et les pillages et destructions continuent. Les mairies d'El Biar et de Bachdjarah et la sous-préfecture de Hussein Dey flambent. Plusieurs commissariats sont mis à sac, et les insurgés y prennent les armes. Le « centre commercialo-culturel », fière vitrine du régime par extension, est détruit. De nombreux affrontements ont lieu avec l'armée. L'émeute gagne Blida, Bordj Bou Arreridj.
  • 07-10 Emeutes et affrontements se poursuivent. L'armée panique et tire sur les rassemblements dans les rues d'Alger. Les intégristes » tentent, à la faveur de ce vendredi jour de prière d'entrer dans le mouvement et d'en prendre la direction ; mais alors que certains imams appellent à manifester pacifiquement, d'autres exhortent les émeutiers à rentrer chez eux. Outre Blida, où elle continue, l'émeute gagne Staoueli, Zeralda, Tiaret, Mostaganem, Annaba, Sétif, Fort national, Boufarik et Oran, où l'on saccage le bâtiment du FLN, les principales entreprises et les hôtels de luxe. Enfin, il y a des chasses aux photographes de presse.
  • 08-10 Violents harcèlements des forces de l'ordre dans les quartiers populaires d'Alger, à la nuit tombée. L'émeute gagne les villes du désert, Ouargla, Djelfa. L'armée tire sur les mosquées où ont lieu des cérémonies funèbres de victimes. Toutes les estimations dépassent les 200 morts.
  • 10-10 Les tirs d'armes automatiques continuent d'être bravés par de jeunes harceleurs. Le marché d'Alger est miraculeusement réapprovisionné, même de produits qu'on ne trouvait plus au marché noir. Dans la journée, l'armée mitraille une manifestation pacifique d'« intégristes » à Bab El-Oued (25 à 30 morts). Dans la soirée, discours du président Chadli à la télévision.
  • 12-10 Derniers affrontements, à Tizi Ouzou, lors d'une manifestation pro-Chadli attaquée par des contre-manifestants. Levée de l'état de siège. Chadli annonce un référendum constitutionnel : c'est la fin de l'Etat-FLN.

Le bilan officiel est de 176 morts et 900 arrestations ; les estimations officieuses vont jusqu'à 500 morts et 4 000 arrestations. Les condamnations d'émeutiers vont jusqu'à huit ans de prison.
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Message par Benkad Mer 3 Oct - 0:04

Quand on arrive à tirer les bonnes leçons des évènements de l'Histoire ... et des histoires ... aussi douloureux soient -ils; on peut dire qu'"à quelque chose malheur est bon";
Pour ma part, je suis confiante ...
Inch'Allah;
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Message par Ouled El Hamra Jeu 4 Oct - 15:18

Algérie -05 Octobre 1988 Carica10
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Message par boulevard boy Ven 5 Oct - 2:15

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Message par Ouled El Hamra Ven 5 Oct - 13:42

Grande pensée au martyrs du
05 Octobre 1988
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Message par Ouled El Hamra Sam 6 Oct - 3:18

Algérie -05 Octobre 1988 Carica12
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Message par R@Y@N Sam 6 Oct - 3:20

enfin pour une fois, hahahahahaha. Merci ya Ouled El Hamra
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Message par Ouled El Hamra Sam 6 Oct - 3:22

RaYaNe a écrit:enfin pour une fois, hahahahahaha. Merci ya Ouled El Hamra
:up:
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Message par cnep_cool Sam 6 Oct - 3:26

Ouled El Hamra a écrit:
RaYaNe a écrit:enfin pour une fois, hahahahahaha. Merci ya Ouled El Hamra
:up:

:bravo:
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Message par Ouled El Hamra Lun 6 Oct - 2:19

05 Octobre 1988: une révolte populaire qui a fait 400 morts, un millier de blessés.
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Algérie -05 Octobre 1988 Empty 05 Octobre 1988,20ans sont déja passé...

Message par Ouled El Hamra Lun 6 Oct - 2:31



Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Ses parents parlaient de révolte, de saccage, de scènes de violence et il était curieux de comprendre ce qui se passait. A El-Biar, le quartier où il résidait, il a découvert pour la première fois des chars et des militaires. Postés dehors, ces militaires ont frappé l’imaginaire de l’adolescent. Il semblait enfin mesurer l’ampleur de ce qui était en train de se passer. Passant outre l’interdiction de sortir, il a sillonné son quartier et s’est même «aventuré» à Ben Aknoun. Devant son lycée, il a rencontré des amis qui ne comprenaient pas qu’il puisse ne pas se sentir concerné par ce qui se passait. Non, répond-il, je me sentais concerné mais dépassé. Tant de violence de part et d’autre l’a déstabilisé. Les récits que lui font ses amis le laissent sans voix. Des jeunes ont pillé, brûlé. Des policiers leur ont tiré dessus. Sofiane est révolté. Il comprend la haine que peuvent ressentir des jeunes envers les symboles de l’Etat. Sous son air BCBG, il a, lui aussi, beaucoup de griefs contre «le pouvoir». Ayant appris que ses camarades ont décidé de descendre à Bab-el-Oued, fief de la contestation, il décide de ne pas rester en marge d’un événement qui, visiblement, allait faire basculer l’Algérie. Dans ce quartier mythique, il constate l’ampleur des dégâts. La vision est apocalyptique : des magasins sont brûlés, des débris de verre jonchent le sol. Un vrai décor de guerre. Sofiane qui comprend que «les choses ne seront plus jamais pareilles» rentre chez lui sans avoir participé à aucune manifestation. Se considère-t-il pour autant comme quelqu’un qui a vécu ces évènements ? Sans hésitation, il répond par l’affirmative. «Le 5 Octobre, ce n’est pas juste le fait d’avoir cassé un Monoprix ou un Souk-el-Fellah. C’est plus que ça. C’est un état d’esprit. C’est l’espoir que les choses changent. C’est la certitude que plus rien ne sera pareil. Lorsqu’on a 16 ans, on croit au changement. On croit aux révolutions. Moi, j’ai vraiment cru que cette révolte allait changer l’Algérie», dit-il. Vingt années plus tard, que reste-t-il de toutes ses croyances ? «Evaporées !» répond-il désabusé. Sofiane, qui a suivi des études en commerce, est aujourd’hui cadre dans une multinationale. Marié et financièrement à l’aise, il garde un arrière-goût d’amertume lorsqu’il parle des évènements du 5 Octobre 1988. Il pense que, finalement, les choses n’ont pas tellement changé et que la colère des jeunes a finalement été détournée. La démocratie ? Avec un rictus, il répond «mais de quelle démocratie parlez-vous ? Avec des élections truquées, des électeurs qui boudent les urnes et pour couronner le tout un président qui veut modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat, nous nageons en plein délire. C’est une mascarade dans laquelle chacun est tenu de jouer un rôle». Le 5 Octobre, une «révolution» pour rien ? C’est visiblement ce que pense Sofiane, un adolescent qui a bien mûri mais qui, surtout avec du recul, jette un regard pas du tout optimiste sur l’avenir.
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Message par Ouled El Hamra Lun 6 Oct - 2:33

FUSILLADE AU NIVEAU DE LA DGSN
La responsabilité des islamistes ?

10 Octobre 88. La capitale est en pleine ébullition. Les émeutes durent depuis cinq jours. Les islamistes, jusque-là totalement en marge de la «révolte», tentent de récupérer le mouvement. Ils appellent à une marche sur Babel- Oued. Place Ouanouri- Mohamed, à quelques mètres de la DGSN, tirs de feu. Panique générale. Parmi les victimes, un rédacteur de presse. Sid Ali Benmechiche, journaliste à l’APS (Algérie presse service), tué par une balle perdue. Il est 14h30min. La marche à laquelle ont appelé les activistes islamistes, à leur tête Ali Benhadj, a démarré depuis la mosquée de Ruisseau (les Annassers). Objectif : récupérer le mouvement de révolte des jeunes et se placer en alternative. Selon des témoignages, il n’ y a pas eu d’unanimité entre les dirigeants islamistes quant à «l’opportunité et la nécessité d’organiser une marche sur Bab-el-Oued.» «Cheikh Sahnouni de la Rabita avait signifié aux organisateurs son refus de prendre part à la manifestation tout en les invitant à procéder à son annulation», souligne-t-on. Refus catégorique des radicaux. La manifestation est maintenue. Le mot d’ordre a fait le tour de la capitale depuis l’aube. Des appels ont été lancés dans plusieurs mosquées de la capitale, notamment celles des quartiers populaires. La manifestation a été entamée après la prière du Dohr. Destination : la mosquée Sunna de Bab-el-Oued. Les activistes islamistes ne veulent pas rater l’occasion. Ils veulent créer l’événement en ce cinquième jour des émeutes d’Octobre 88. Il est 14h45min. Les manifestants se trouvent à la sortie de la place des Martyrs. Dans quelques minutes, ils vont longer le boulevard Ben- Boulaïd. Le siège de la DGSN constitue un passage obligé. Celui-ci se trouve au niveau de la place Ouanouri-Mohamed, à quelques encablures du lycée Emir-Abdelkader. Le siège de la Sûreté nationale est quadrillé par l’armée. La tension monte d’un cran. Soudain, un coup de feu. Une première balle, et une fusillade éclate. Le feu est partout. La panique est générale. Les premières victimes sont à terre. Parmi elles, un journaliste. Il s’agit de Sid Ali Benmechiche, exerçant à l’APS. Le reporter en charge de couvrir la manifestation se trouvait en tête de la manifestation depuis son début. Une balle perdue l’atteint mortellement. Selon des sources, ils sont au moins cinq personnes à avoir trouvé la mort lors de cette fusillade. Les blessés, quant à eux, se comptent par dizaines. Les islamistes en tirent les dividendes. Ils se présentent en victimes. C’est le début de la récupération du mouvement d’Octobre. Moins d’une année, le parti dissous voit le jour. Vingt années après, certains habitants du quartier, rencontrés sur les lieux, se rappellent cette triste journée. «On ne s’attendait pas à cette tragédie. C’est à cet endroit où est tombé le journaliste. Au départ, on croyait qu’il s’agissait d’un journaliste étranger.» Les journalistes étrangers, faut-il le rappeler, étaient nombreux à faire le déplacement à Alger pour couvrir la révolte d’Octobre 1988. Le journaliste algérien n’a pas été identifié sur place. On ne connaissait pas son nom. Ce n’est que quelques heures plus tard qu’on a réussi à identifier la victime. Ceci étant, dans les conclusions d’un rapport publié le 19 novembre 1988, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a rappelé aux autorités judiciaires «le droit des familles des personnes décédées de mort violente de faire procéder aux autopsies des corps». «La famille du journaliste de l’APS, Sid-Ali Benmechiche, a fait une demande en ce sens et n’a pu l’obtenir malgré les assurances de plusieurs hauts responsables, dont au moins deux ministres», rappelle l’auteur et journaliste Abed Charef dans Algérie 88, un chahut de gamins ?
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Message par Ouled El Hamra Lun 6 Oct - 2:35

LES JEUNES ET LES ÉVÉNEMENTS D’OCTOBRE 1988
Une date symbole en voie de disparition de la mémoire collective

Ils ont entre 18 et 24 ans. Lycéens, étudiants à l’université ou chômeurs, ils parlent des événements du 5 Octobre 1988. Il y a vingt ans, certains n’étaient pas encore nés. D’autres trop jeunes pour s’en souvenir. Mais que savent-ils réellement de ces manifestations ? Que représente cette date pour eux ? Que leur a-t-on raconté ? De simples questions que nous leur avons posées, histoire de savoir, si 20 ans après les tragiques événements les jeunes continuent de perpétuer le souvenir de la «mémorable» révolte de leurs aînés.
Lotfi Mérad - Alger (Le Soir) - «Je sais surtout que cette année-là (1988), il y avait des problèmes entre les politiques et le peuple et qui ont conduit à un soulèvement populaire et des émeutes», répond innocemment Amina. Hormis cette laconique phrase, cette lycéenne avoue ne rien connaître de cette date en dépit «des explications de mon père où il nous arrive d’en débattre en famille». Souvent, c’est un documentaire sur l’Algérie diffusé sur une chaîne de télévision étrangère qui provoque le débat «intergénérationnel» dans cette famille d’intellectuels. Mais le débat reste confiné dans les murs du salon de la maison familiale puisque reconnaît Amina «les événements d’Octobre 1988 ne constituent nullement le sujet de mes discussions avec mes amies ou camarades de classe». Un aveu que confirment sans équivoque la plupart de ses congénères. Hamid, Mourad, Riad et Salim sont tous d’accord pour dire que «l’amère réalité de notre vécu ne nous laisse pas le temps de parler histoire encore moins de politique». Ces jeunes d’un quartier populaire d’Alger se retrouvent souvent pour palabrer. De tout et de rien et «ni dans ce tout encore moins dans ce rien, la politique trouve une place», tranche Hamid, l’aîné de la groupie, un chômeur dépité. Force est de constater malheureusement qu’un fossé de plus en plus profond se creuse entre la génération 1988 et celle des années 2000. Et à la terrible quinzaine noire de terrorisme, s’ajoute le rôle de désinformation des médias lourds plus particulièrement l’unique chaîne de télévision publique. Celle-ci se contente d’évoquer succinctement cette page de l’histoire récente de l’Algérie, vraisemblablement par acquit de conscience envers les centaines de victimes tombées lors de ces tragiques événements. Relégués sciemment dans l’oubli. Vingt ans plus tard, l’ENTV et par ricochet le pouvoir continuent de tourner le dos à tous les événements qui remettent en cause la légitimité d’un régime ou qui marquent l’échec d’une politique gouvernementale. Une stratégie qui semble fonctionner parfaitement puisque le souvenir d’Octobre 1988 tombe dans l’oubli chaque année un peu plus. Les jeunes, aujourd’hui, ne savent pratiquement rien de ces tragiques événements et Amina, Hamid, Mourad, Riad et Salim illustrent parfaitement cet état de fait au demeurant préjudiciable à la mémoire collective. Mais la machine ne semble pas fonctionner, et heureusement d’ailleurs, avec d’autres jeunes. Karim avait quatre ans au moment des faits. «L’image d’une foule déchaînée qui pillait les magasins des Galeries algériennes à El- Harrach est restée gravée dans ma mémoire», témoigne-t-il d’emblée. C’est cette même image que nous retrouverons dans toutes les villes d’Algérie lors des manifestations. Avec le recul «je compris que le peuple avait faim», note ce diplômé en informatique de gestion employé dans une entreprise privée.
«Continuité d’un régime»
Si pour certains, Octobre 1988 a marqué une nouvelle étape au plan politique, économique et social de l’Algérie, Karim, lui, refuse d’adhérer à cette théorie et surtout de parler d’«acquis d’Octobre 1988». «De quelle ouverture démocratique parle-t-on ? A qui veuton faire croire qu’il y a eu après Octobre 1988, un pluralisme politique ?». Pour lui, ces événements sont un coup monté par le pouvoir de l’époque. «De pluralisme politique, le pouvoir a créé des partis pour identifier les opposants, avoir un œil sur eux et mieux les dompter. Et d’acquis démocratique, nous avons un champ audiovisuel toujours fermé et une kyrielle de quotidiens dits «indépendants» qui ne sont là que pour faire passer les messages propagandistes du pouvoir», regrette Karim avant d’ajouter : «Les jeunes, eux, ne pensent qu’à fuir le pays car ils ont compris qu’ils ne peuvent pas compter sur l’Etat pour s’en sortir». Résultat des courses : marasme social, pauvreté, cherté de la vie, chômage et harraga à l’appel. En somme, «tous les ingrédients sont réunis pour provoquer un deuxième 5 Octobre», soutient-il. Un avis qu’il partage avec Rachida, sa collègue de travail qui pense, elle, que l’Etat continue d’ignorer le peuple et fait semblant de ne pas comprendre les jeunes d’aujourd’hui qui ont «des idées universelles, sont ouverts sur le monde et veulent tout simplement vivre comme les autres jeunes des autres pays». Plus fataliste, Karim estime que «les événements d’Octobre ont assuré la continuité du régime». Il relève néanmoins que «vingt ans après le 5 Octobre 1988, certains aspects ont changé. Les députés touchent désormais 30 briques et la situation du simple citoyen algérien continue d’aller de mal en pis».
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Algérie -05 Octobre 1988 Empty Re: Algérie -05 Octobre 1988

Message par Ouled El Hamra Lun 6 Oct - 2:39

BAB-EL-OUED «CHOUHADA», 20 ANS APRÈS
Lifting architectural et des jeunes en proie à la malvie

Le 5 Octobre 1988, alors que rien n’annonçait l’explosion populaire qui allait se produire, Bab-el-Oued a été dévasté en quelques heures. Aujourd’hui, vingt ans après, «Bab-el-Oued chouhada» n’a pas changé pour ses habitants. Dans ce quartier populaire, bien qu’il ait pansé ses blessures, les jeunes parlent toujours de mal-vie. Les habitants de ce quartier, surpris par le déchaînement populaire, ont vécu une semaine dominée par la violence durant laquelle les jeunes et les moins jeunes sont sortis en masse dans la rue. Aujourd’hui, vingt ans après le vent de révolte qui a soufflé sur ce quartier, à l’instar des autres communes de la capitale, la population n’a rien oublié de ces journées désormais ancrées dans la mémoire collective. Bab-el-Oued, dimanche 28 septembre 2008, en cette matinée du vingt-huitième jour du Ramadan, le marché grouille déjà de monde. Ici, les activités sont immuables, et rien n’a changé depuis les deux dernières décennies, où l’activité commerciale reste importante. Aucune trace de l’explosion populaire de l'époque, et rares sont les habitants qui en parlent encore. Ce quartier populaire a, semble-t-il, pansé ses blessures. Bab-el-Oued «chouhada» a pourtant été encore meurtri et martyrisé durant ces dernières années. Décennie noire, les inondations de novembre 2001 et le tremblement de terre de 2003. Ces évènements dramatiques ont aussi fait que la configuration de cette partie de la capitale a changé. Ceux qui, à l’époque, étaient de jeunes collégiens et lycéens sont devenus aujourd’hui des hommes et des femmes, gravés en eux et à jamais les stigmates d’une semaine pas comme les autres. Ceux qu’on a interrogés se souviennent et insistent pour dire que «c’est comme si c’était hier». Pour la plupart d’entre eux, tout a commencé par des rumeurs qui ont circulé à travers les lycées et collèges de la capitale, un mois après la fin des grandes vacances de l’année 1988. C'était la dernière année du lycée, se rappelle Mohamed, résidant dans un quartier limitrophe à Bab- el-Oued. Les préparatifs du bac, le dernier virage avant la fac et le rêve d’un avenir prometteur, cet élève, qui avait brillamment réussi son cursus scolaire, était la fierté de toute sa famille. «Je me souviens comme si c'était hier, j'avais 17 ans et je fréquentais le lycée Ibn-Khaldoun de Miramar (Raïs-Hamidou), la veille, l'hebdomadaire Algérie Actualitéavait été retiré des étals, l'article “censuré” circulait pourtant. Nous étions jeunes et nous faisions seulement semblant de comprendre le sens et la portée de l'article critiquant le pouvoir politique et la cause de sa censure», se rappelle, en souriant, Mohamed. «Nous ne savons pas à ce jour, comment ni à l’initiative de qui, une marche a été improvisée mais cela nous amusait. A chaque tournant, on se disait que les policiers allaient nous intercepter. Sur le chemin qui nous menait à une destination inconnue, la maison de jeunes ‘’Jeunesse 2000’’, située au niveau de la corniche de Raïs-Hamidou, a été le théâtre d’actes de vandalisme et de pillage commis par des jeunes qui se sont mêlés à la marche», ajoutera notre interlocuteur. Mohamed nous racontera leur arrivée à Bab-el-Oued et l'affrontement avec les policiers qui s'en est suivi. Il parlera même de «baptême du feu», allusion aux balles tirées et bombes lacrymogènes. Ses camarades évoquent aussi les scènes de violence et de pillage du Souk-el-Fellah de Malakof, de la SNTA et de la Sonipec de Bab-El-Oued en passant par les Galeries algériennes. Vingt ans après, Mohamed, comme bon nombre de ses camarades, a achevé ses études universitaires et fondé un foyer. Pour lui, rien n'a changé dans le quartier qui a encore connu les mêmes affres et malheurs suscités par l'injustice sociale. Il dira, vingt ans après le jour où il a couru jusqu’à perdre haleine avec des gamins de son âge dans les rues dévastées de Bab-el-Oued, que les jeunes d’aujourd’hui vivent le même désarroi que celui vécu par leurs aînés. «Les hitistes de l'époque ont été remplacés par des jeunes d’aujourd’hui», dira un autre jeune de Bab-el- Oued. Mais Bab-el-Oued n’est plus le même, beaucoup de ses habitants sont partis. Certains ont été emportés par les eaux lors des inondations de novembre 2001, d’autres relogés dans d’autres quartiers suite à l’effondrement des habitations anciennes. Au niveau de la rue Mira, un boulevard a été aménagé sur le front de mer après les inondations. Sur la plage de Kaâ- Essour, les familles viennent flâner l’été jusque tard dans la nuit, profitant de la brise marine. Plus haut, la bâtisse du Souk-el-Fellah, premier lieu saccagé dans la nuit du 4 au 5 octobre, abrite un hôtel de police. Plusieurs immeubles ont été détruits au niveau de la rue Rachid-Kouache, remplacés par des jardins publics. L’ombre des jeunes «révoltés» de l’époque planera toujours sur ces lieux. Mohamed et ses camarades de l’époque n’arriveront jamais, confient-ils, à oublier le jeune Aidoudi et les autres fauchés par les balles sous leurs yeux et Fatah, devenu handicapé moteur, qui vend des cigarettes à la sortie d’un café.
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Algérie -05 Octobre 1988 Empty Re: Algérie -05 Octobre 1988

Message par Ouled El Hamra Lun 6 Oct - 2:43

Le 5 Octobre 1988...
au Palais du gouvernement

Le Palais du gouvernement, siège de l’exécutif gouvernemental depuis l’Indépendance, a été converti en quartier général du parti FLN au début de la deuxième moitié de la décennie 1980. Toutes les structures bureaucratiques du parti ont été regroupées, à cette époque, dans cet édifice, certainement pour donner un meilleur ascendant au parti unique qui s’est toujours lamenté de la marginalisation dans laquelle il a été acculé par le pouvoir administratif. L’installation de l’ex-secrétariat permanent du parti, organe de direction, dans les locaux du palais, devait être un message pour marquer la primauté du FLN dans un contexte caractérisé par des luttes internes autour de réformes politiques et économiques que l’Algérie s’apprêtait à mettre en œuvre en pleine crise, provoquée par l’effondrement des prix du pétrole. Une crise qui a bel et bien montré que le sort de l’Algérie est suspendu à la rente pétrolière. Ce constat amère, valable jusqu’à aujourd’hui, n’a malheureusement jamais servi de leçon à nos gouvernants. Alors que les responsables du parti unique s’agitaient autour de la préparation du 6e congrès qui devait se tenir au mois de novembre 1988, les grèves, qui n’étaient pas autorisées, éclataient un peu partout. Le malaise était à son comble. La SNVI, ex-Sonacome, qui vivait des moments cruciaux, paralysée par des arrêts de travail incessants et prolongés depuis le début du mois de septembre, faisait l’objet de palabres interminables entre Algériens avides de nouvelles, y compris dans les hautes sphères de l’ex-parti unique et de l’Etat. La rumeur, qui, en cette époque, n’était pas «des paroles en l’air», constituait un moyen d’information admissible et acceptable. Certes, elle n’échappait pas à la déformation mais dans une situation totalement opaque, cet «informel» permettait d’assouvir quand même, le besoin intense en informations. On entendait, parci par-là, que «quelque chose» allait se produire sans pour autant réussir à élucider ce qui se passait réellement. Toutefois, des signes avant-coureurs annonçaient déjà que des changements profonds allaient se produire. De plus, faut-il rappeler que le président Chadli Bendjedid, qui dans un discours prononcé le 19 septembre 1988 s’est manifesté de manière tout à fait surprenante en versant de l’huile sur le feu, voulant pourfendre les opposants aux réformes, a mis en exergue l’incompétence et l’irresponsabilité de certains cercles du pouvoir en les accusant d’être à l’origine des «maux» dont souffrait l’économie algérienne. Nous sommes le 5 octobre 1988. En cette journée automnale magnifique, un soleil radieux brille sur Alger. Il est 14h et quelques minutes passées. La stupéfaction se lit sur tous les visages des cadres de l’ex-secrétariat permanent du FLN. L’étonnement est à son comble. Rapidement, l’inquiétude et l’appréhension se sont transformées en effroi. Le Palais du gouvernement est déjà entouré de milliers de jeunes déchaînés, survoltés, surchauffés presque hystériques et surtout déterminés à faire embraser le siège central du parti unique. Ils surgissent de toutes les rues donnant accès au palais. Ils sont venus, dit-on, de tous les grands quartiers d’Alger : Bab-El-Oued, El-Biar, Soustara, Bab-El-Djedid, place des Martyrs... Ils sont là, comme s’ils se sont donné rendez-vous en ce lieu combien symbolique pour l’Algérie des années 1980. En ce jour mémorable du 5 octobre 1988, le Palais du gouvernement est assiégé par une foule immense et colorée. Les manifestants, qui se comptent par milliers dont l’âge ne dépasse pas la trentaine, ne portent ni banderoles ni pancartes et ne clament ni slogans politiques ni autres formules de contestation ou de revendication. Ils sont là, dans une ambiance d’effervescence intense, pour saccager, brûler et injurier le personnel politique de l’époque, responsable à leurs yeux de la faillite du système. Cependant, ils ne véhiculent pas seulement la colère et l’exaspération, mais à les entendre, leurs clameurs et leurs hurlements ont quelque peu un lien avec les faits de l’actualité. Certainement, ce jour-là, ils sont ensemble, ceux qui réclament le changement et la démocratisation et ceux qui veulent tout simplement sortir de leur état d’indigence. Les pierres pleuvent sur le palais et sur son entourage. Les véhicules stationnés sur le bas de l’esplanade ont commencé à cramer. Les autres, placés un peu plus haut, sont complètement cabossés. Leurs vitres et leurs pare-brises sont brisés. Quelques jeunes emportés par leur euphorie ou par leur colère tentent de pénétrer à l’intérieur du palais. Leurs tentatives sont restées vaines. Quelques policiers en civil chargés de la surveillance de l’édifice sont complètement désorientés. Leurs appels pour obtenir de l’aide sont restés apparemment infructueux. Ils tirent en l’air pour dissuader la foule de franchir les limites de l’enceinte officielle. A l’intérieur du palais, le personnel est épouvanté, presque affolé et ne sachant plus quoi faire. Le bureau du défunt Mohamed-Chérif Messaâdia, responsable du parti unique à l’époque, est vide. Il a été appelé, dit-on, à la Présidence pour une réunion urgente qui dure depuis ce matin. Le reste des membres de l’appareil, hauts responsables du parti, presque tous exministres, sont désemparés, ahuris et consternés. L’un d’eux, voyant que les services de sécurité ne répondent pas aux multiples «SOS» qui leur sont lancés et effrayé par le danger qui ne cesse de s’amplifier d’une minute à l’autre, ordonne à l’ensemble du personnel de s’armer de gourdins, de bâtons et de tout autre objet pouvant servir à se défendre, pour empêcher les assaillants de pénétrer à l’intérieur du palais. Rares ceux qui acceptent de le faire, sa colère s’est amplifiée jusqu’à la vocifération d’obscénités et de grossièretés. Quelques adolescents qui tentent de s’introduire en se faufilant entre les véhicules sont vite maîtrisés par certains policiers de garde, aidés par une partie du personnel, ils sont ensuite attachés, tabassés, entassés les uns sur les autres et enfermés dans un cagibi situé juste à l’entrée. Cette situation troublante et chaotique a duré plus de trois heures. Il est 17 h et quelques minutes, la foule commence à s’effriter, certains jeunes agissant en groupes continuent toujours à lancer sporadiquement des pierres. Alger la Blanche, survolée de temps à autre par un hélicoptère, est toute en fumée. Les rues sont désertes et chargées de gravats, de décombres, de détritus et de débris de toutes sortes. Les véhicules carbonisés ne cessent de dégager une odeur irritante. La révolte s’est atténuée mais des soubresauts dans les quartiers environnants continuent à prolonger l’écho de la «journée». Quelques fonctionnaires, notamment certaines femmes voyant la situation s’apaiser, se sont aventurés à l’extérieur par la petite porte du haut du palais, en s’engouffrant dans certaines ruelles pour espérer rejoindre leurs domiciles. A ce moment, l’annonce de l’arrivée des parachutistes est accueillie avec un immense soulagement, comme une sorte de délivrance à l’intérieur du palais. En quelques minutes, les chars se sont positionnés et ont encerclé tout l’édifice. Plus personne n’osait s’exposer aux militaires qui ont réussi très rapidement à imposer un silence de morts dans les parages. Une centaine de fonctionnaires de l’appareil central du parti, de peur d’être agressés, ont choisi de passer la nuit à l’intérieur même de leurs bureaux. A la tombée de la nuit, Alger, débarrassée du vacarme de la journée, semble retrouver son calme habituelle. La perplexité et les incertitudes d’un avenir devenu subitement flou, l’impression attristante que «quelque chose» vient de changer et que les temps futurs ne seront plus jamais comme ils étaient, est fortement présente dans les esprits des «fidèles» à l’exparti unique qui s’apprêtent à dormir sur leurs fauteuils complètement affligés par une journée mémorable. Au lendemain du 5 octobre 1988, ce déluge populaire si impressionnant s’est dégonflé rapidement comme pour laisser place à la rhétorique habituelle. Le parti FLN, fortement ébranlé mais encore résolu, tente de minimiser les conséquences de cet «ouragan» qui, quoiqu’on dise, a révolutionné certains principes et pratiques que certains avaient intérêt à maintenir tels qu’ils avaient été considérés des années auparavant. Quelques mois plus tard, le parti FLN, affaibli par les évènements d’Octobre et rendu injustement responsable de l’échec du système, il est délogé du Palais du gouvernement et vidé de ses cadres et de son personnel. C’est la fin d’une période qui a débuté juste après 1962 et le début d’une autre, pour un parti politique, qui bien que malmené à plusieurs reprises au cours de son histoire, il est toujours parvenu à résister et à survivre aux «chocs violents» qui ont secoué parfois assez fortement le système politique algérien. Cependant, après avoir annoncé pompeusement sa rénovation dès 1990, le FLN s’est recroquevillé sur lui-même pendant toute une décennie avant de se réveiller à partir de 1999 mais sans pour autant se débarrasser de son archaïsme d’avant- 1988 et de ses pratiques désuètes donnant tout à fait raison au politologue français Maurice Duverger qui disaient que «comme tous groupes humains, les partis sont conservateurs, ils ne changent pas facilement leurs structures même si l’évolution les y pousse». N’ayant jamais accepté de tirer les leçons de son passé, de faire son «mea-culpa» et de se moderniser, pourtant, dans l’intérêt de tout un pays, le parti FLN, toujours récalcitrant et coriace, continue aujourd’hui comme hier à couver l’autoritarisme combien désastreux d’un système voué à la faillite.
Abdelkader Larbi
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Message par Ouled El Hamra Lun 6 Oct - 2:45

BAB-EL-OUED SE SOUVIENT TOUJOURS DE LUI
Il était une fois Noureddine «Ras Kabous»

Parler des évènements d’Octobre 88 à Bab-el-Oued et ne pas évoquer Noureddine Khallout connu sous «Ras Kabous» (tête de pistolet), c’est en occulter une partie importante. Le personnage n’est plus de ce monde. Il est décédé en 2003, emportant avec lui sa souffrance.
Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Que ce soit à la place des Trois-Horloges, à la Bazetta (Saïd-Touati) ou au boulevard Abderrahmane-Mira, «Noureddine Ras Kabous» reste une légende dans la mémoire de «ouled» Bab-el-Oued. Dans ce quartier populaire de la capitale, son nom revient chaque année lors de la commémoration des évènements d’Octobre. Aujourd’hui disparu, vingt ans après, le nom de «Ras Kabous» est étroitement lié aux tragiques évènements d’Octobre 88. Victime de ces faits, il n’a cessé de son vivant de revendiquer réparation. Le personnage, très connu dans l’Algérois, était porté comme étant mort sous la torture qu’il a subie de la manière la plus barbare. Depuis, il n’avait cessé de l’affirmer publiquement, qu’il ne peut plus avoir de rapports sexuels avec sa femme, qu’il ne peut plus connaître de plaisir. «Son souffle lui a été coupé», témoigne-t-on. Fervent supporter de l’USM Alger, «Ras Kabous» avait tourné le dos depuis quelques années aux erreurs de sa jeunesse. Une année avant l’éclatement des évènements d’Octobre, il trouve un boulot au sein de la société «Copemat» comme mécanicien. Le tournant de sa vie ? C’était en octobre 1988, lorsqu’il avait été «identifié» par les émeutiers. Son tort ? «Les policiers sont venus directement chez moi pour avoir été un ancien repris de justice». Selon des témoignages, «c’est suite au vol d’un pistolet au commissariat de Bab-el-Oued, que Ras Kabous avait d’ailleurs restitué, qu’il a été porté sur la liste des personnes ciblées». «Dès qu'on m'avait pris de chez moi, on a tout de suite commencé à me tabasser sans même me parler. J'ai vu toutes les tortures possibles et inimaginables.» Gêné, Noureddine racontait difficilement son histoire.«On m'a complètement dévêtu. On m'a fait le coup de l'échelle. On m'a saucissonné sur un banc et maintenu aussi par des menottes aux pieds. Mes tortionnaires ne cessaient de me viser le sexe par leurs coups. Ils ont atteint ma dignité. On m'a fait asseoir sur des bouteilles. Ils m'ont enfoncé leurs matraques. On m'a castré», racontait-il les vingt jours de tortures subies. Sa disparition avait fait le tour de Bab-el-Oued en particulier et d’Alger en général. Le 3 novembre 88, il est remis à sa famille la nuit. Une fois chez lui, il est comme un «ancien moudjahid». «J'avais reçu beaucoup de visites dont celle de TF1. Les policiers qui m'ont torturé furent révoqués. A l'hôpital, des personnalités sont venues me voir dont l'ancien ministre de l’Intérieur Lakhdiri. Ils m'ont tous promis qu'ils m'aideraient et que je devais considérer ce qui s'était passé comme un accident et que rien ne me manquerait. Mais aujourd'hui je reste toujours dans la même situation de misère, oublié. Ce qui me fait mal au cœur, c'est qu'on a inscrit mes sévices au registre de l'accident de travail. Mes allocations, je ne les perçois pas comme victime d'Octobre ! J'aurais préféré qu'ils me tuent, m'enlèvent un bras, un pied ou me paralysent, mais pas me castrer. Je traîne de dépressions en crises. Avec tout ce que j'ai subi, je ne reste qu'un pauvre misérable. Et pourtant, je ne demande qu'un toit et du travail pour faire vivre ma famille.» Ne faisant plus partie de ce monde, Noureddine «Ras Kabous» a laissé derrière lui une femme et une fille adoptive. La famille Khallout réside toujours dans un taudis à Aïn Benian.
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Message par Ouled El Hamra Mar 6 Oct - 0:29

Actualités : 21 ANS APRÈS LE 5 OCTOBRE 1988
Les ingrédients de la révolte sont toujours là



A la fleur de l’âge, des jeunes
Algériens fuient par felouques et radeaux de fortune leur pays où il ne
fait pas bon vivre. C’est qu’ils étouffent grave dans ce coin du globe,
vingt et un ans après que des jeunes de leur âge eurent libéré, dans
une violente révolte, leur trop-plein de frustrations et, par leur sang
versé, permis pour un temps l’éclosion de quelques bourgeons de
liberté. Une révolution inaboutie, le 5 Octobre 1988 ? Incontestable.
Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir) - La situation dans le pays ne
s’est pas fondamentalement améliorée avec défilement inexorable des ans
depuis que des jeunes ont bravé le tout-respressif du Front de
libération nationale (FLN), le parti-Etat. La misère, telle une
grangère, se métastase dangereusement à l’ombre d’une économie voulue de
marché mais qui reste encore de bazar. Le chômage, n’en déplaise à ceux
qui ont pour charge de soigner la statistique en la matière, accable
toujours. Le champ des libertés est drastiquement rétréci. L’ouverture
politique et médiatique, le plus précieux acquis d’Octobre 1988, est
obstruée par le maintien de l’état d’urgence. La remise en cause du
principe de l’alternance au pouvoir à travers la suppression de la
limitation à deux des mandats présidentiels, a replacé le pays dans une
situation quelque peu semblable à celle qui prévalait avant la révolte
juvénile d’Octobre 1988. La seule différence, peut-être, est que
l’Algérien ne vit pas les pénuries en tout genre et de tout ordre au
quotidien mais ulcéré par son pouvoir d’achat considérablement dégradé.
Les couches laborieuses sont indistinctement éprouvées par la vie
onéreuse. C’est pour toutes ces raisons que la harga, cette périlleuse
et clandestine traversée de la Méditerranée, est devenue un véritable
phénomène de société. C’est pour toutes ces raisons que, aussi, les
enseignants, tous paliers confondus, ont décidé de faire du 5 octobre
2009 une journée de grève et de protestation. L’Intersyndicale de
l’enseignement compte, ce jour, faire entendre sa voix et souligner sa
mobilisation. Son action pourrait fort bien faire des émules parmi le
reste des entités professionnelles, tant le malaise est partout.
Profond, au point où l’observateur averti et quidam partagent le constat
de ce que les ingrédients pour une explosion sociale sont réunis.
Paradoxalement, comme en 1988, c’est du côté de l’enseignement que
gronde la protestation. On sait que, il y a vingt ans, tout partit de la
grève des lycéens dans l’Algérois. Le mouvement, on s’en souvient, a
fait tache d’huile. Il n’est peut-être pas valable de toujours attester
que les mêmes causes produisent les mêmes effets mais considérant la
déliquescence sociale et politique qui mine le pays, la révolte risque
de sonner une nouvelle fois. Le décor politique n’est certes pas le même
qu’en 1988 où le parti unique régnait sans partage. Ce qui en a fait une
soupape salvatrice. Le monopole de la décision politique et économique
est toujours de mise. L’opposition politique survit tant bien que mal,
elle qui vit de plus en plus gênée dans son action et dans son rôle.
Pourquoi Octobre 1988 a produit tant de ratées ? Peut-être que le ver
était déjà dans le fruit à cueillir. D’aucuns ont eu à affirmer que la
révolte juvénile d’il y a vingt et un ans était tout sauf spontanée.
C’est pourquoi elle est restée une révolution inaboutie.
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Message par Benkad Mar 6 Oct - 11:17

Merci Yacine;
Bab El Oued me manque ... et toujours cette douce nostalgie ...
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Message par nIzLa Mar 6 Oct - 15:38

Le 05 Octobre 1988.......ou l'histoire d'un fleuve détourné...
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Algérie -05 Octobre 1988 Empty Re: Algérie -05 Octobre 1988

Message par Benkad Mar 6 Oct - 17:34

Ce sont deux événements que j'ai vécus de loin, mais mon cœur y était parce qu'il connait, par cœur, chaque parcelle et il a foulé chaque pavé ...
le 05 octobre et le fleuve détourné qui réclamait ses droits ...
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